QU’EST-CE QUE LE TAC?

Le TAC est le trouble d’accumulation compulsive.

Le TAC est reconnu comme problème de santé mentale dans le DSM 5 depuis 2013.

Antérieurement, dans le DSM-IV, l’accumulation compulsive se retrouvait à deux endroits : a) elle était considérée comme un sous-type du TOC et le TOC lui-même faisait alors partie des troubles anxieux et b) l’accumulation compulsive était un symptôme de la personnalité obsessionnelle-compulsive.

Maintenant, dans le DSM 5, le TAC est un trouble distinct faisant partie des troubles obsessionnels-compulsifs et associés mais il est indépendant du TOC et il ne fait pas partie des troubles anxieux.

Les termes utilisés dans la traduction française du DSM 5 pour désigner le TAC sont thésaurisation pathologique ou syllogomanie.

Le terme anglais pour désigner le TAC est hoarding disorder.

Définition du TAC selon le DSM-5

A)  Une difficulté persistante à jeter ou se départir de certains objets, indépendamment de leur valeur réelle.

B)  La difficulté est due à un besoin ressenti de conserver les objets et à la souffrance associée au fait de les jeter.

C)  La difficulté à jeter aboutit à une accumulation d’objets qui envahissent et encombrent les lieux d’habitation, compromettant de manière importante leur fonction première. Si ces espaces sont dégagés, c’est uniquement grâce aux interventions de tiers (p.ex. des membres de la famille, des agents d’entretien ou des représentants de l’autorité publique).

D)  L’accumulation entraîne une détresse cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou autres domaines importants (y compris le maintien d’un environnement sans danger pour soi-même et pour les autres).

E)  L’accumulation n’est pas imputable à une autre affection médicale (p. ex. une lésion cérébrale, une affection cérébrovasculaire).

F)  L’accumulation n’est pas mieux expliquée par les symptômes d’un autre trouble mental (p. ex. des obsessions dans un trouble obsessionnel-compulsif, une diminution d’énergie dans un trouble dépressif caractérisé, des idées délirantes dans la schizophrénie ou dans un autre trouble psychotique, des déficits cognitifs dans un trouble neurocognitif majeur, des intérêts restreints dans un trouble du spectre de l’autisme).

De plus on doit:

  • Spécifier si acquisition excessive : la difficulté à jeter des biens est accompagnée d’une acquisition excessive d’objets qui ne sont pas nécessaires, ou pour lesquels il n’y a pas d’espace disponible. (Cela se voit chez 80 à 90% des personnes vivant avec le TAC. Cela s’explique comme une réaction à la détresse vécue ou anticipée de perdre des objets et ce n’est pas la cause du TAC).
  • Et spécifier le degré de reconnaissance, par la personne, que ses comportements sont reliés à l’accumulation : avec insight bon ou acceptable, avec peu d’insight, sans insight ou avec croyances délirantes.

La personne doit avoir les 4 critères pour présenter un TAC. Si ce n’est pas le cas, on parlera d’un TAC subclinique : soit que l’accumulation ne soit pas significative, soit que la détresse ne soit pas significative ou que le fonctionnement soit peu altéré.

À noter que la présence ou le degré d’insalubrité de l’habitation n’est pas un critère de TAC.

QUELQUES DONNÉES IMPORTANTES SUR LE TAC

La prévalence estimée du TAC est de 2.6% dans toute la population et de 6% chez les personnes aînées (65 ans+).

75% des accumulateurs ont aussi un autre trouble dont un trouble de l’humeur ou un trouble anxieux.

Les premiers symptômes du TAC apparaissent souvent pendant l’enfance ou l’adolescence. Vers la mi-vingtaine, l’accumulation d’objets interfère dans le quotidien de la personne puis, vers la mi-trentaine, l’accumulation altère le fonctionnement de l’accumulateur au point où les critères diagnostiques pour le TAC sont atteints.

Le TAC chez l’enfant se voit par l’attachement à des objets et le fait de prêter des caractéristiques humaines à ces objets (anthropomorphisme). Mais attention : ces comportements peuvent aussi faire partie du développement normal de l’enfant.

L’âge moyen des accumulateurs qui demandent de l’aide est de 50 ans. Pourquoi? Parce que les symptômes deviennent plus incapacitants et le dysfonctionnement plus sévère avec le temps.  Les accumulateurs ont tendance à attendre que leur situation dégénère avant de demander de l’aide (p.ex., avis d’éviction; menace de séparation; DPJ; etc.).

Les personnes vivant avec le TAC consultent leur médecin cinq fois plus que la population générale mais leur motif de consultation est habituellement autre que le TAC.  75% demanderaient une consultation pour recevoir un diagnostic de TDAH. Les autres motifs sont : la dépression, un trouble anxieux, la fibromyalgie ou le syndrome de fatigue chronique.

Les personnes avec le TAC ont aussi beaucoup de problèmes de santé physique : hypertension, hypercholestérolémie, arthrite, apnée du sommeil, accidents vasculaires cérébraux, traumas crâniens, maladies pulmonaires obstructives, tuberculose et problèmes digestifs chroniques.

Étiologie (« les causes ») du TAC

Une remarque s’impose ici. Aucune cause unique ou déterminante n’a été trouvée ou prouvée pour expliquer le TAC. Les chercheurs ont trouvé des facteurs importants, des associations ou encore des facteurs prédisposants ou favorisants pouvant expliquer l’apparition et le développement du TAC. Ceci n’est pas l’équivalent de trouver la ou les causes.

Les « causes » probables du TAC sont, selon O’Connor, Koszegi et Bodryzlova : a) les facteurs génétiques et environnementaux. 85 % des accumulateurs rapportent avoir un parent de premier degré (père ou mère) qui accumule b) les événements traumatiques. c)  un trouble de l’attachement*.

*Trouble de l’attachement : trouble d’attachement débutant à l’enfance et pouvant se répercuter à l’âge adulte. Enjeu complexe qui nécessite une expertise psychologique pour en établir le diagnostic.

De plus, Tolin, Frost et Steketee décrivent des déficits au niveau des processus cognitifs : au niveau de l’attention, des processus de catégorisation lors du tri d’objets (les émotions viennent ici interférer), des processus décisionnels et de mémoire (ici les trop nombreux moyens mnémotechniques seraient en cause).

  • Bien que souvent évoquée, la privation matérielle (par exemple, la crise de 1929 ou la Deuxième Guerre mondiale) n’est pas associée au TAC.

QUELS SONT LES OBJETS ACCUMULÉS ? POURQUOI ACCUMULER?

Les personnes aux prises avec le TAC peuvent accumuler tous types d’objets. Elles ont de la difficulté à se départir de ces objets à cause de ce qu’ils représentent pour elles. Les modèles psychologiques explicatifs du TAC vont même jusqu’à considérer que cette fonction de l’objet fait partie de l’identité de la personne qui accumule et qu’il y a un attachement aux objets. Comprendre cela c’est comprendre le TAC et la souffrance que peuvent vivent ces personnes quand elles se départissent des objets accumulés ou quand elles sont menacées de s’en départir.

IMPACTS DE L’ACCUMULATION À LONG TERME

Les accumulateurs vivent souvent de l’isolement et mènent une vie remplie de contraintes. De fait, ils sont réticents à laisser entrer des personnes dans leur maison à cause d’un sentiment de honte qu’ils éprouvent face à l’état d’encombrement.

Leur problème peut également les amener à vivre de la culpabilité et peut entraîner la dépression.  Au point de vue des relations interpersonnelles, il peut être difficile de débuter ou de maintenir une relation dû au manque de compréhension de la problématique par l’autre personne ou encore aux contraintes imposées par le TAC.

De plus, la personne vivant avec le TAC peut éprouver de véritables difficultés à fonctionner normalement dans ses activités de la vie quotidienne.  Par exemple, elle peut être restreint dans son accès à la cuisine et donc limité dans la préparation de ses repas.  Elle peut aussi avoir de la difficulté à utiliser la baignoire ou la douche ou encore avoir accès à son lit.  Il peut y avoir perte de documents importants. L’habitation encombré peut présenter des risques d’insalubrité, d’incendie ou encore, dans des situations plus avancées, des risques au niveau de la structure du bâtiment. Finalement, personne vivant avec le TAC peut avoir à faire face à des menaces répétées d’éviction de la part des propriétaires ou des autorités.

LE TAC ET LES AUTRES CAUSES D’ACCUMULATION

TAC et collectionnisme.

Les collectionneurs peuvent collectionner toutes sortes d’objets comme des épinglettes, des insignes, des bouchons de bouteilles, etc. Cependant, le collectionneur éprouve un sentiment de fierté face à sa collection. Faire une collection est souvent une activité sociale puisque les collectionneurs aiment partager leur passion avec les autres.

Il est possible que certaines collections occupent beaucoup d’espace physique dans une demeure mais elles n’empiètent pas sur l’espace vital du collectionneur. En contrepartie, l’accumulateur éprouve de la honte face à l’encombrement dans son logement et hésitera à laisser entrer des gens chez eux.  L’accumulation d’objets, dans le cadre d’un TAC, ne fait vivre ni fierté ni socialisation.

TAC et autres causes d’accumulation.

Le TAC n’est pas la seule cause d’accumulation. Dans une étude québécoise répertoriant des situations d’accumulation sur une longue période, un CISSS a identifié les causes ou facteurs les plus importants: 17% de TAC, 11% de troubles cognitifs, près de 60 % de problèmes psychiatriques autres que le TAC et les troubles cognitifs et près de 25% de problèmes de mobilité/troubles neurologiques.

Le TAC est différent du Syndrome de Diogène.

Cette différence et l’approche du Syndrome de Diogène (SD) sont expliquées de façon exhaustive dans le Guide de référence du CATAC. En résumé, le SD est maintenant considéré comme de l’autonégligence sévère de l’adulte avec comme élément central des difficultés des fonctions exécutives, i.e. des difficultés à gérer les activités de la vie quotidienne, suivies des manifestations suivantes (et graduellement plus sévères dans le temps): négligence personnelle, insalubrité de l’habitation, déni de son état et absence de toute honte, isolement social hermétique et refus de tout aide. Ces symptômes ne sont pas présents dans le TAC. Dans le SD, l’accumulation peut être présente ou pas et il n’y a pas d’attachement aux objets.

LES MYTHES

Les personnes qui accumulent ont de faibles standards de propreté.

FAUX :
Le TAC n’est pas le résultat de faibles standards de propreté, de nettoyage ou un manque de responsabilité. En fait, le contraire est souvent vrai.

FAUX :
Parfois, pour des questions de sécurité, il est nécessaire de faire un désencombrement ; cependant, un désencombrement majeur est traumatique pour la personne accumulatrice et le risque de rechute est près de 100 %, surtout si cela est fait sans son consentement ou intempestivement.

FAUX :
Le TAC est un trouble de santé mentale. Même si les personnes accumulatrices peuvent d’une certaine manière être adaptées à leur milieu de vie, le TAC est une maladie avec son lot de souffrance.